La Cène secrète

Auteur : Javier Serra

Références bibliographiques : ( lien )


En l'an de grâce 1497, le service de renseignements du pape apprend avec joie le décès de Béatrice d'Este, duchesse de Milan et adversaire notoire de l'église catholique. Cependant, Béthanie (nom de code dudit service de renseignements) est loin de tomber en liesse à cette nouvelle. En effet cela fait quelques mois déjà que la papauté reçoit des lettres de Milan de la part d'un informateur annonçant de sinistres présages.

Un inquisiteur, le père Agustin Leyre, est envoyé à Milan afin de découvrir l'identité du mystérieux informateur si bien renseigné ainsi que l'ampleur de la menace envers le monde catholique. Le dominicain va prendre ses quartiers dans l'abbaye Santa Maria della grazie. C'est l'endroit le plus probable pour y dénicher le lettré qui envoie ses courriers circonstanciés à Rome. Plus ou moins discrètement, le père Leyre tisse des liens avec la communauté qui héberge, bon gré mal gré, le protégé du More (duc de Milan) en train d'achever (depuis 4 ans déjà) une oeuvre majeure : la Cène. Et son illustre compositeur n'est rien moins que Léonard de Vinci en personne.

Le grand Léonard est montré sous un jour humain, ambigu, qui aime bien se moquer des moines et qui se promet de créer sous leur barbe un défi majeur à leur entendement. Bien entendu, l'inquisiteur est mis à contribution afin de résoudre l'énigme et empêcher un outrage cuisant au catholicisme et ses lumières. Force est de constater que l'imagination, la culture antique et la dextérité dépasse les compétences des moines. De plus, des pèlerins sont retrouvés assassinés devant la Maesta, autre oeuvre de Léonard. Bref, le mystère s'épaissit de jour en jour...

On croise dans ce roman cultivé : la peinture, la philosophie, la religion, la liberté, le mystère, l'hérésie et l'inquisition, Marcile Ficin, Platon, Bernadino Luini, Marie-Madeleine et j'en passe. Les énigmes les plus légères aux plus obscures maintiennent l'intérêt du lecteur pour la progression de l'intrigue. Le voile se lève peu à peu et le secret n'est pas forcément celui que l'on pense.

L'auteur montre sa connaissance de la peinture, de ses codes au XV° siècle, de ses impératifs et des libertés qui prirent certains artistes avec leurs commanditaires. Il commente pour nous les enjeux politiques de cette Italie à l'aube du XVI° siècle. La chute des Médicis, l'essor de Savonarole et l'avènement des Borgia... Il montre que le noir et le blanc dépendent du point de vue d'où l'on se place, que chacun voit midi à sa porte et que son ennemi est forcément sous l'emprise de Satan... De quoi se tenir éloigné de la politique et de la religion ! Que chacun remplisse son rôle de son mieux et les moutons seront bien gardés.

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