Karoo

Auteur : Steve Tesich

Références bibliographiques : ( lien )

Que se passe-t-il quand un script doctor alcoolique devient incapable d'être ivre quelle que soit la quantité de verres bus ? Et bien il fait semblant d'être ivre pour ne pas décevoir son entourage. En tout cas c'est ce que fait Saul Karoo, le narrateur de cette tranche de vie cataclysmique. En effet, tout ce qu'il a réussi dans sa vie, c'est être bon dans son métier et détruire toute possibilité d'intimité avec qui que ce soit.

Son mariage n'a jamais été aussi réussi que depuis qu'une procédure de divorce est en cours.
Son fils (adopté dès la naissance) aimerait passer plus de temps avec ce père lointain. Ce père désabusé aime son fils. En tout cas l'idée d'avoir un fils, tout ce que représente son fils, sa réussite, ses qualités, son amour, etc...
Mais Saul est incapable de passer des instants véritables avec quiconque. Il est en permanence en représentation. Il joue le rôle que les autres attendent de lui, comme s'il n'avait pas de personnalité propre, pas de volonté, pas de préférence. Ses coups d'éclat qont aussi éphémères qu'illusoires.

Le comble, c'est qu'il va accepter un travail ignoble, même à ses propres yeux, de la part d'un producteur abject qu'il déteste. Ce qui va l'amener à profaner le dernier chef d'oeuvre d'un réalisateur qu'il admire. Et aussi à faire la rencontre d'un actrice ratée. Actrice qui, comme par un hasard hallucinant, est la mère biologique de son fils. De là part une intrigue amoureuse extravagante et peu reluisante pour l'espèce humaine. Comme quoi l'enfer reste pavé des meilleures intentions du monde.

Je ne vous en raconte pas plus car il y a quand même du suspens dans ce livre et une fin plutôt inattendue. Je ne vous cache pas que la vie racontée est affligeante. On pourrait croire à sa rédemption par l'amour, la beauté des intentions. Mais la faiblesse de la volonté et l'amertume laissée au fil de ses renonciation est trop forte (pour mon goût). Les personnages ont une forte personnalité (hormis Saul, je trouve) et des trajectoires, somme toute, peu ordinaires. Cependant la superficialité de leurs conversations, leur profond nombrilisme et la vanité de leurs vies me laisse indifférent à leurs malheurs (ainsi qu'à leurs bonheurs). Leur milieu et leurs attitudes me rendent ma petite vie loin des projecteurs très enviable.

Si vous aimez les personnalités torturées, Saul Karoo est pour vous. Son cas est désespéré. Peut-être que son parcours pourrait vous intéresser ? Je vous laisse en juger par vous-même. Ce livre désosse les rouages des succès cinématographiques et leurs coulisses insoupçonnées. Avis aux amateurs.

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