Onze minutes

Auteur : Paulo Coelho

Références bibliographiques : ( lien )

Il était une fois une prostituée qui s'appelait Maria...
Etrange incipit pour un conte de fées. C'est pourtant ainsi que démarre Onze minutes car il s'agit effectivement d'un conte de fées. Inspirée d'une vie réelle aussi. C'est pourquoi les termes sont aussi antinomiques...

Il était donc une fois, une petite fille prénomée Maria qui vivait dans une province pauvre du Brésil. Elle avait rarement fait les bons choix dans sa vie mais elle était honnête, intègre et travailleuse. Et elle voulait réussir sa vie. Aux alentours de ses vingt ans, elle a l'occasion de s'offrir une semaine de vacances à Rio. Elle y rencontre un riche étranger qui lui propose de gagner de l'argent en dansant. Il lui offre un dîner, une robe et des chaussures qui cadrent avec le restaurant. Le rêve. Un contrat et voilà Maria qui s'envole pour la Suisse, pour danser la samba dans un cabaret familial à Genève.

Le contrat est tout ce qu'il y a de plus régulier. Il mentionne bien les frais d'hébergement que devra la danseuse. Et le salaire décent devient juste suffisant quant il s'agit de survivre en Suisse... Et il faudrait travailler un an ne serait-ce que pour pouvoir payer un billet de retour vers le Brésil. Et le paradis devient un enfer. Question de point de vue. Maria va devoir trouver des revenus complémentaires... Et pas question de déborder de son contrat de travail...

Son emploi du temps et ses finances ne lui permettent pas énormément de loisirs. Elle se promène autour du lac, va à la bibliothèque et guère autre chose... Elle finit par rompre son contrat avec indemnités. Mais pas encore assez pour un retour au pays. Et ce serait un retour en victime, pas celui dont Maria révait. Alors Maria reste en Suisse et se constitue un pressbook afin de travailler comme mannequin. Et un nouveau miracle se produit : un producteur souhaite l'engager pour un salon. Il l'invite au restaurant. Et lui propose mille francs suisses pour passer la nuit avec elle.

Cela devient la solution pour Maria : vendre son corps. Légalement. Elle trouve un bar officiel et commence sa nouvelle carrière, nettement plus lucrative que la précédente. Ses rêves de richesse se rapprochent. Le risque : tomber amoureuse. Et un jour... Apparaît le prince charmant, évidemment puisque nous sommes dans un conte de fées !

Ce livre nous propose de regarder ces aspects de nos vies (l'amour, le sexe) sans fausse pudeur ni (fausse ?) honte. Et d'y trouver la joie, le réconfort et la profonde humanité qui y résident. La liberté, la connaisasnce de soi permettent de les vivre pleinement et de les assumer en totale connaissance de cause.

Ce que j'aime moins dans ce livre c'est le ton moralisateur (?), donneur de leçons qui sont souvent présents chez Paulo Coelho. Si le fond est sans équivoque et profondément libérateur, la forme est plutôt rébarbative (Regardez ce que je fais : c'est BIEN, vous devez faire comme moi) et provoque l'effet inverse. C'est dommage. Certains ont besoin de conseils explicites, la mode est aux coachs. Mais un roman ne devrait pas être là pour nous donner des leçons directes, le lecteur n'est pas venu là pour ça. Les leçons (si on veut en donner) devraient se deviner en arrière-plan, en filigrane, être déduites par le lecteur dans l'exemple qui lui est donné et non assenées par le narrateur (ou des sous-titres trop flagrants).