Auteur : Muriel Barbery

Références bibliographiques : ( lien )

Cela aurait pu s'appeler "J'ai 12 ans et je veux mourir" voire "J'ai 54 ans et je n'ai pas vécu"... Car cela se présente sous la forme de deux journaux intimes à la première personne entrecroisés. La première personne à prendre la plume est une concierge, veuve, au physique banal voire ingrat. Elle s'occupe d'un immeuble rue Grenelle dont le plus petit appartement mesure plus de 200m²... Et la pire de ses craintes est que l'on découvre qu'elle n'est pas ce qu'elle prétend. En effet, elle possède une intelligence aiguisée, du goût en matière d'art et de littérature, etc... Sa meilleure amie, la seule en fait, est Manuela une bonne portugaise employée par diverses familles dans l'immeuble. Ensemble, elles partage un rituel de thé accompagnée de pâtisserie fines faites par Manuela. Et parlent de toutes les simagrées des riches.

L'autre journal est tenue par une jeune fille surdouée, déçue par la médiocrité de sa famille, des autres occupants de l'immeuble, des élites en général et de sa vie en particulier. Donc elle décide de mettre fin à cette inutilité le jour de ses treize ans. Entretemps, elle entreprend de noter ses pensées profondes et de chercher des mouvements du monde qui pourraient empêcher son geste fatal. Au collège, elle aussi tâche de ne pas se montrer surdouée.

Ces petites vies pleines d'intelligences coulent douces et bridées par la bassesse des occupants du 7 rue Grenelle. Jusqu'au jour où un critique gastronomique renommé décède et que sa veuve vende l'appartement. Un japonais richissime remplace l'irascible prédécesseur. Et un grand vent de nouveauté balaie tout l'immeuble. Chacun veut voir en quoi le nouvel occupant transforme son appartement.

Mais M. Ozu ne se contente pas de redécorer son environnement. Il observe les personnes aussi. Et détecte très vite le raffinement de la concierge et de la jeune fille. Elles deviennent ses interlocutrices privilégiées au grand dam des autres habitants de l'immeuble. S'ensuivent des discussions aussi cultivées que peu conventionnelles tous azimuts.

 

J'ai eu beaucoup de mal avec la forme... Entrecroiser des mémoires, des pensées ne donne pas un rythme enlevé à la narration. Pire, les sentiments, les réflexions pourtant assez profondes y perdent de leur grandeur et de leur portée. Il ne reste, à la longue, qu'un sentiment de futilité. Comme si l'observation du monde qui se veut neutre, critique, tournait à un cynisme sans but. La Beauté de l'Art est exaltée, certes. Avec ces majuscules, évidemment. Elle provoque des pamoisons des narratrices, même. Cependant, il me reste une impression de vacuité... Comme si la vie n'avait pas de sens malgré toutes les beautés qu'elle nous permet de rencontrer. Comme si l'intelligence était une malédiction qui empêchait de vivre comme tout le monde.

La seule personne qui apparaisse comme raisonnable dans ce monde de potiches est le retraité japonais. Il prend les bons côtés de la vie. Il apprécie à leur juste valeur les choses et surtout les personnes. Et c'est lui qui est présenté comme extravagant dans ce récit, un comble !

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